Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, sur les conditions inacceptables dans lesquelles interviennent les avocats au titre de l'aide juridictionnelle et plus globalement sur l'état général de ce service, aujourd'hui, en France. L'aide juridictionnelle ne permet plus d'assurer une juste rémunération des avocats pour leurs prestations, mais une simple indemnisation sans rapport avec la réalité de celles-ci.
Les avocats acceptant la défense des plus démunis mettent en danger l'équilibre de leur cabinet, le montant qui leur est alloué étant bien inférieur au coût même que cette défense génère. Ainsi la défense d'un prévenu devant un tribunal correctionnel pour la consultation d'un dossier au tribunal, la visite d'un prévenu en maison d'arrêt (quelle qu'elle soit), le travail sur le dossier (y compris les recherches), la rédaction d'écriture, l'audience de plaidoiries, est indemnisée à hauteur de 560 francs.
Dans ces conditions, l'existence même de l'aide juridictionnelle est en danger, car actuellement les avocats ne peuvent plus assurer seuls à terme la défense des droits et des libertés des plus démunis, sauf à créer une justice à deux vitesses, lésant les plus défavorisés. C'est, en effet, de l'égal accès de tous à la justice dont il est question et non d'une simple revendication corporatiste que l'on tenterait, par ce biais, de marginaliser.
Elle lui demande de lui faire connaître les mesures qu'elle envisage pour une refonte totale de l'aide juridictionnelle et portant sur les points suivants : doublement du nombre d'unités de valeur pour assurer une rémunération décente des avocats et correspondant à l'ampleur des tâches à réaliser, réduction des délais d'attente pour obtenir la désignation d'un avocat, simplification de la constitution des dossiers, conditions d'obtention des attestations de fin de mission pour les avocats, rémunération de toutes les interventions des avocats (y compris les liquidations de communauté après divorce, les interventions devant les commissions de surendettement, devant la chambre d'accusation, devant la commission de recours des réfugiés, devant le tribunal des pensions militaires, etc.).
Elle lui demande enfin de lui préciser la date à laquelle seront publiés les décrets d'application de la loi nº 98-1163 du 18 décembre 1998 sur l'accès au droit.