Mme Annie David appelle l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice, sur le contenu du projet de loi portant adaptation de la législation française au statut de la Cour pénale internationale (CPI), texte qui sera soumis à la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l'homme) au printemps 2006.
En effet, la Coalition française pour la Cour pénale internationale, composée d'une quarantaine d'organisations des droits de l'homme, fait état d'insuffisances concernant cet avant-projet de loi sur trois aspects en particulier. Les crimes de guerre pour lesquels ce projet maintiendrait leur prescription contrairement au régime unique d'imprescriptibilité des crimes les plus graves, prévu par le statut de la CPI.
Elle lui rappelle qu'il est d'autant plus important d'adapter comme il convient le droit français que la France a refusé la compétence de la CPI pour les crimes de guerre jusqu'en 2009, ce qui empêche la CPI d'exercer sa compétence subsidiaire et crée ainsi une véritable situation d'impunité. Concernant le droit des victimes, l'avant-projet actuel rendrait impossible la constitution de partie civile pour les victimes des crimes relevant de la CPI, instituant ainsi le monopole des poursuites au procureur.
Enfin, la compétence universelle pour les crimes relevant de la CPI, telle que prévue dans le texte à venir, est très restreinte. Aussi, elle lui demande instamment de prendre en considération ces remarques dans le projet de loi, afin que l'image de la France « patrie des droits de l'homme » ne soit pas démentie par ses pratiques.