M. Charles de Cuttoli attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, sur les préoccupations de nos compatriotes propriétaires en Tunisie de biens immobiliers acquis avant l'indépendance de ce pays. Nos compatriotes s'efforcent vainement depuis trente-cinq ans de gérer, vendre et transférer au mieux les revenus modiques des loyers, des cessions de leurs biens immobiliers.
Ils estiment que les accords franco-tunisiens du 23 février 1984 et du 11 mars 1989 ont eu pour effet de les spolier de leurs droits sans indemnisation suffisamment équitable. L'exemple des acceptations d'opérations publiques d'achat à Bizerte est inopérant pour justifier que les intérêts français ont été préservés.
En effet, d'une part 66 p. 100 des O.P.A. acceptés depuis 1985 pour Bizerte n'ont pas encore été payées. D'autre part, les propriétaires de Bizerte qui ont accepté les offres dérisoires qui leur ont été faites espéraient une indemnisation qui, contrairement aux projets envisagés alors, ne leur a pas été consentie.
Actuellement, les représentants des propriétaires intéressés les invitent à refuser les O.P.A. prévues par les accords de 1989. Ils évaluent à environ un milliard de francs la somme nécessaire à une juste compensation de l'O.P.A. tunisienne. Cette somme est insignifiante au regard des revenus et salaires transférés chaque année de France en Tunisie par les travailleurs tunisiens ainsi que les crédits et remises de dettes accordés aux Etats du sud de l'Europe de l'Est.
Il apparaît également que les engagements pris dans ce domaine lors de la campagne présidentielle (lettre n° 11-925-MC/EY) promettant que le droit à indemnisation serait étendu tant aux biens spoliés qu'aux biens vendus à vil prix, avec intervention de l'autorité judiciaire, n'ont pas été respectés.
Ces engagements devraient pourtant lier les gouvernements successifs. Il lui demande, en conséquence, de bien vouloir lui faire connaître les mesures que le Gouvernement entend prendre soit par une renégociation des accords de 1984 et 1989, soit sur le plan du droit interne en vue de remédier à cette situation.