M. Jacques Habert attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, sur la situation dramatique des populations civiles encerclées dans la région de Beyrouth-Est, contrôlée par les forces du général Aoun. Depuis le 30 septembre, cette région subit un blocus sévère qui empêche toute communication avec l'extérieur et la prive de tout ravitaillement.
Après les événements tragiques de la nuit du 1er au 2 octobre, au cours de laquelle les participants à une manifestation pacifique ont été assaillis brutalement par des tirs d'armes lourdes qui ont fait de nombreuses victimes, les blessés n'ont même pas pu être évacués ou soignés par la Croix-Rouge libanaise, démunie de tout moyen.
Les hôpitaux manquent des médicaments indispensables ; les produits alimentaires essentiels commencent à faire défaut ; la famine menace des familles entières. En somme, les populations se trouvant dans cette enclave sont devenues des otages, y compris des centaines de nos compatriotes qui partagent le même sort.
Il lui demande quelles mesures d'urgence le Gouvernement français compte prendre pour secourir ces populations civiles, alerter les instances internationales et mettre fin à une situation angoissante, inadmissible sur le simple plan des plus élémentaires considérations humaines.
Réponse. - En ce qui concerne la sécurité des Français au Liban qui constitue une préoccupation constante de mon département, notre consulat général a pris les dispositions utiles de nature à l'assurer en mettant notamment en place un réseau radiocommunication qui le relie aux responsables de la communauté française.
Au cours des événements qu'a connus le Liban dans la période précédente, ce système a manifesté son efficacité. S'agissant de l'information des familles en France, mon départements s'est constamment employé à faciliter les contacts entre celles-ci et nos compatriotes au Liban. Ainsi, lors des événements de la mi-octobre, de nombreux messages ont-ils pu être transmis en provenance ou en direction de la France par le canal de notre représentation consulaire locale pour relayer les informations que souhaitaient échanger nos ressortissants et leurs familles.
En ce qui concerne les rapatriements, vingt-quatre ont été effectués depuis ces événements, une procédure de traitement accélérée des dossiers ayant été assurée. Il n'en demeure pas moins que le rétablissement de la pleine souveraineté du Liban, objectif fixé par les accords de Taëf, implique le retrait de toutes les forces armées étrangères, qu'elles soient syriennes, israéliennes ou autres.
Il convient à présent de mettre à profit les circonstances favorables créées par les événements récents intervenus au Moyen-Orient pour mener à bien le règlement de la question libanaise selon les principes de droit applicables aux autres problèmes de la région. Enfin, à l'issue des combats qui ont eu lieu au Liban le 13 octobre, la France a décidé d'accorder le droit d'asile au général Aoun.
Comme le Président de la République l'a déclaré le 15 octobre, le respect de cette décision constitue une question d'honneur. Le général Aoun restera donc à l'ambassade de France jusqu'au moment, que nos espérons le plus proche possible, où il pourra venir dans notre pays. Les contacts en cours avec les autorités libanaises, par l'intermédiaire de notre représentation diplomatique à Beyrouth, ont pour objet de parvenir à une solution de ce problème dans le respect de nos engagements.