M. Franck Sérusclat interroge M. le ministre des affaires étrangères sur l'éventuel soutien que la France va accorder à l'adoption, lors de la 55e session de la commission des droits de l'homme des Nations unies, d'une résolution condamnant l'application de la peine de mort à des délinquants mineurs.
Cette question se justifie par la situation préoccupante des droits de l'homme aux Etats-Unis, en particulier au regard de la question de la peine capitale. Alors que l'on assiste dans le monde à une nette tendance en faveur de l'abolition de la peine de mort, 350 personnes ont été exécutées aux Etats-Unis depuis 1990 et 3 500 personnes sont en attente de leur exécution.
En outre, les crimes passibles de la peine de mort et le rythme des exécutions dans ce pays ne cessent d'augmenter, souvent selon une application arbitraire et inéquitable et n'étant pas à l'abri de préjugés sociaux et racistes de surcroît. Pourtant, le droit international interdit la condamnation à mort de délinquants mineurs au moment des faits, et oblige à une défense correcte des personnes passibles de la peine de mort.
Mais les Etats-Unis, lors de leur ratification en 1992 du pacte international relatif aux droits civils et politiques, se sont réservé le droit d'appliquer la peine de mort aux délinquants mineurs ; cette possibilité est pourtant expressément prohibée par le pacte. La France elle-même, le 4 octobre 1993, a considéré que cette réserve est incompatible avec l'objet même du pacte, donc non valide.
Il convient également de souligner que les Etats-Unis n'ont pas ratifié la convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant. En conséquence, il lui demande si la délégation française qui participera à la 55e session de la commission des Droits de l'homme des Nations unies soutiendra l'adoption d'une résolution pour que la peine de mort ne soit plus appliquée à des personnes qui ont commis un crime alors qu'elles n'avaient pas 18 ans.