M. Michel Charasse indique à M. le garde des sceaux, ministre de la justice, que selon les comptes rendus publiés par la presse ou diffusés par les médias audiovisuels, un magistrat du siège, conseiller à la cour d'appel de Rennes, se serait exprimé, à l'occasion d'une réunion non officielle tenue à Genève et rassemblant des magistrats instructeurs originaires de plusieurs pays européens, en prenant des positions publiques sur ce que devraient être la politique et la législation judiciaires et pénales de notre pays, ainsi que sur les accords qui devraient être conclus dans ces mêmes domaines au niveau européen et connus sous le nom d'espace judiciaire.
Si les propos rapportés sont exacts, il est évident que ce magistrat a très gravement manqué au devoir de réserve que lui impose son statut et qui s'applique d'ailleurs à l'ensemble des agents publics de la République française. Ces déclarations étant de nature à semer un trouble profond de l'ordre public puisqu'elles constituent une sorte de mise en demeure adressée aux pouvoirs publics constitutionnels issus du suffrage universel et qui sont seuls habilités à s'exprimer ès qualité sur ces sujets, il lui demande de bien vouloir lui faire connaître quelles suites il entend réserver à ce grave manquement tant auprès des juridictions compétentes qu'auprès du Conseil supérieur de la magistrature réuni en formation disciplinaire.