M. Frédéric Marchand attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation au sujet des décrocheurs en sections techniques supérieures.
L'échec à l'université est une préoccupation centrale des politiques éducatives depuis plus d'une décennie. Avec raison puisque la sortie sans diplôme de l'université concerne environ 50 000 jeunes par an.
L'échec en premier cycle universitaire focalise l'attention dans le débat public au détriment des décrocheurs en sections techniques supérieures (STS) dont la part, après une inscription, est aussi voire plus importante que celle des étudiants inscrits à l'université.
Les sorties sans diplômes concernent principalement les bacheliers professionnels, dont l'accès aux STS est encouragé depuis la loi n° 2013-660 du 22 juillet 2013 relative à l'enseignement supérieur et à la recherche.
Contrairement aux instituts universitaires de technologie (IUT) qui constituent un chemin possible vers les études longues et attirent des profils scolaires et sociaux intermédiaires, les STS débouchent moins fréquemment sur des poursuites d'études et concernent davantage les élèves d'origine populaire et les détenteurs de baccalauréats technologiques ou professionnels.
Cette moindre visibilité est sûrement due au fait que les STS bénéficiaient auparavant d'un meilleur accès à l'emploi, or cet avantage a disparu pour les sortants de la génération 2010.
Environ 80 000 jeunes ont quitté l'enseignement supérieur sans diplôme en 2010 : 90 % d'entre eux étaient issus de STS (22 000) ou de l'université (49 000). L'abandon des études supérieures apparaît comme un phénomène assez massif au sein de ces deux filières de l'enseignement supérieur court, contrairement aux autres filières où il reste marginal.
Les études des déterminants individuels de l'abandon ont montré que les hommes, les bacheliers technologiques et plus encore les bacheliers professionnels, les jeunes issus de milieu populaire, ainsi que ceux qui ont subi une orientation contrainte, ont davantage de risque de décrocher.
Selon une étude du centre d'études et de recherches sur les qualifications (CÉREQ), les sortants sans diplôme ont un profil social et scolaire modeste. Ce sont les représentants de cet autre enseignement supérieur peuplé de bacheliers professionnels et technologiques et de jeunes issus de milieu populaire.
Ainsi, au sein de la génération 2010, les non-diplômés de STS ont majoritairement quitté leur formation en année terminale.
Par ailleurs, les jeunes quittant les STS sans diplôme reprennent moins souvent des études par la suite que leurs homologues sortant de l'université. En effet, au sein de la génération 2010, un décrocheur de STS sur dix a accompli cette démarche durant les cinq années suivant sa sortie contre un décrocheur sur quatre issus de l'université.
Plus problématique, pour tous les jeunes de la génération 2010, l'accès à l'emploi a été plus difficile que pour ceux des générations précédentes. Parmi les non-diplômés du supérieur, les jeunes sortis de STS sont les plus touchés et ont passé, en moyenne, deux fois plus de temps au chômage au cours de leurs cinq premières années de vie active que leurs homologues de la génération 1998 soit treize mois contre six.
Diverses études montrent la dégradation de la réussite des STS tant au niveau de l'acquisition du diplôme que de l'entrée sur le marché du travail. Il lui demande quelles mesures sont envisagées par le Gouvernement pour éviter le décrochage en STS et rendre à ces dernières leur attractivité et leur efficacité.