M. Aubert Garcia attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la situation de l'enseignement du portugais dans les établissements français. Il considère que cet enseignement est aujourd'hui dans un état critique. Introduit dans les établissements du second degré en 1973 et dans les écoles élémentaires en 1989, cet enseignement a connu jusqu'en 1987, un succès certain.
Le portugais était enseigné dans 340 collèges ou lycées en 1992, et seulement dans 278 en 1994 : en deux ans, il a disparu de 62 établissements et cela montre à quel point la dégradation de la situation du portugais est importante et rapide. Il lui paraît important que, considérant la diffusion planétaire du portugais (200 millions de lusophones) et l'impérieuse nécessité de promouvoir les langues romanes dans un ensemble européen dominé par l'anglais, le ministère tente par tous moyens appropriés d'en relancer l'enseignement.
Or, une récente décision de votre ministère me paraît devoir aggraver cette situation. Comme personne ne l'ignore, l'initiation à une langue vivante à l'école, introduite dès 1989 au cours moyen, est depuis cette rentrée dispensée dès le cours élémentaire première année (ce qui est bien), avec deux dispositions qu'il considère comme particulièrement lourdes de conséquences négatives : en premier lieu, un quota est institué : plusieurs milliers de cassettes audiovisuelles éditées par le centre national de documentation pédagotique concernent l'anglais, quelques centaines l'allemand et l'espagnol, quelques dizaines l'italien.
Ce quota préfigure le déséquilibre existant au collège dès la sixième. Mieux - ou pis - il l'entretient en l'anticipant ; en second lieu, le portugais (qui faisait partie des langues introduites à l'école par M. Jospin en 1989) ne paraît pas figurer sur la liste. Certes, il n'est pas officiellement supprimé : mais si aucun support pédagogique n'a été él aboré et encore moins édité, personne ne pourra choisir le portugais à l'école primaire.
Partant, qui le choisira au collège ? On peut estimer que dans moins de cinq ans le portugais aura totalement disparu de la carte scolaire des langues vivantes. Président du groupe d'amitié France-Portugal au Sénat, il est particulièrement sensible à ce problème. Il lui demande de porter à sa connaissance si des mesures nouvelles sont envisagées pour remédier à cette carence et dans l'affirmative, de lui faire part de leur contenu.