M. Éric Doligé attire l'attention de Mme la ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi sur la situation des entreprises d'insertion (EI) et des entreprises de travail temporaire d'insertion (ETTI).
Les entreprises d'insertion contribuent depuis 25 ans avec succès à la réinsertion durable dans l'emploi de chômeurs en grande difficulté et de personnes parmi les plus fragiles, grâce à l'accompagnement social et professionnel qu'elles apportent aux salariés qu'elles recrutent.
Pour leur savoir-faire, ces entreprises reçoivent une "aide au poste" forfaitaire, qui les aide à compenser le coût engendré par les problèmes spécifiques liés au recrutement et à l'accompagnement des populations en insertion.
En effet, de droit commun, ces entreprises exercent leur activité sur le marché concurrentiel, appliquent l'intégralité du code du travail et acquittent les mêmes contributions fiscales et sociales.
Or cette "aide au poste" n'est pas indexée et n'a pas été réévaluée depuis 10 ans, malgré des demandes répétées, tandis que le SMIC a dans le même temps été revalorisé de 41 %.
De ce fait, de nombreuses entreprises d'insertion envisagent d'abandonner ce service, tandis que d'autres ont déjà dû, en 2009, réduire le nombre de salariés en insertion.
Ces entreprises d'insertion offrent pourtant le meilleur rapport qualité/coût parmi les instruments des politiques de l'emploi et de la lutte contre les exclusions, bien plus qu'un contrat aidé en secteur marchand qui, de plus, n'est assorti d'aucune obligation de conventionnement, d'accompagnement ou de résultat.
L'apport sur le plan économique des entreprises d'insertion est incontestable.
Les coûts évités pour la collectivité par le poste d'insertion couvrent plus que son montant : économie de revenu de solidarité active (RSA), économie du suivi par le Pôle emploi et ses sous-traitants, économies d'aides sociales diverses, notamment des charges pesant sur les collectivités territoriales.
Pour un euro d'aide au poste, l'entreprise d'insertion rend à la collectivité entre deux et quatre euros (selon le secteur d'activité et la taille) en impôts, taxes et contributions sociales.
L'entreprise d'insertion ramène à l'emploi durable plus d'un salarié en insertion sur deux. Peu de dispositifs obtiennent de tels résultats avec une population fragile et en difficulté.
Une étude conduite au premier trimestre 2010 a mis en évidence un sous-financement inquiétant du secteur de l'insertion et notamment des entreprises d'insertion.
La réforme annoncée du financement de l'IAE (insertion par l'activité économique) n'est ni aboutie, ni applicable en l'état. Or il n'est plus possible d'attendre.
Sans revalorisation urgente de l'aide au poste, les entreprises d'insertion vont abandonner leur mission sociale car elles ne pourront plus compenser leurs pertes d'exploitation dues à l'écart entre le coût du travail et l'aide apportée pour ces postes.
Au moment où les rapports annuels sur les performances budgétaires mettent en question l'efficacité de nombreuses dépenses publiques et où se prépare le budget 2011, il lui demande quelles mesures elle envisage de prendre pour assurer la revalorisation de l'aide au poste et maintenir ce dispositif dans toute son efficacité.