Mme Catherine Troendlé. Ma question s'adressait à M. le Premier ministre.
Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement vient de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim, et vous aurez ainsi tenu la promesse de François Hollande faite aux plus radicaux des écologistes. (Mme Esther Benbassa s'exclame.)
Cette fermeture est un gâchis écologique, économique et humain. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Gérard Longuet. Absolument !
Mme Catherine Troendlé. À cette belle occasion surprise ! , deux ministres, Mme Borne et Mme Wargon, improvisent une visite pour annoncer, après deux ans et demi de travail pour relever le défi de l'après nucléaire, qu'un comité interministériel sera créé, qu'un commissaire à la reconversion sera désigné et qu'un technocentre pourrait être créé, mais sans les Allemands c'est inconcevable ! Voilà comment votre gouvernement gère une reconversion.
Sur le volet fiscal du Fonds national de garantie individuelle des ressources communales et intercommunales (FNGIR) pour rappel, la collectivité va devoir payer 2,9 millions d'euros, alors qu'elle ne touchera plus les recettes fiscales , un groupe de travail sera créé. La belle affaire !
Tout aurait pu être anticipé ; rien ne l'a été ! Ce territoire est sacrifié.
Au-delà du territoire, cette décision dessert les intérêts de notre pays.
Tout d'abord, c'est l'argent du contribuable qui va servir à indemniser EDF, à hauteur de 400 millions d'euros.
Ensuite, il faudra bien compenser cette perte de production d'électricité. Ainsi, nous devrons allégrement importer plusieurs millions de tonnes de fioul et de gaz, ce qui provoquera un déficit commercial de 2 milliards d'euros par an.
Dois-je vous rappeler que l'électricité d'origine nucléaire est en moyenne 80 fois moins productrice de CO2 que celle du charbon, et 40 fois moins que celle du gaz ? Ainsi, la fermeture de Fessenheim se traduira par l'émission de 10 millions de tonnes de CO2 supplémentaires par an.
Que faites-vous de tous les discours sur la lutte contre le réchauffement climatique qui ont été tenus au moment de l'accord de Paris ?
Vous me répondrez « éolien ou solaire », mais il faudrait multiplier par quatre les champs éoliens et solaires pour atteindre la cible affichée en 2035 par le Gouvernement. Or Mme Borne a dénoncé, le 18 février dernier au Sénat, un développement anarchique des éoliennes en France !
Vous pourriez aussi me répondre « biométhane », mais, là encore, les objectifs sont très loin des enjeux réels.
Le nucléaire français présente un avantage compétitif sur le plan économique et sur le plan environnemental. (Marques d'impatience sur les travées du groupe LaREM.)
M. Martin Lévrier. Votre temps de parole est terminé !
Mme Catherine Troendlé. C'est le GIEC, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, qui le dit !
M. le président. Veuillez poser votre question, ma chère collègue.
Mme Catherine Troendlé. Pensez-vous que la situation de notre pays et de nos concitoyens soit si florissante que l'on puisse priver la France de ces avantages ? (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)