Mme Cathy Apourceau-Poly appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer sur la gestion des procurations dans le cadre des élections. En effet, lors des derniers scrutins, le répertoire électoral unique s'est révélé être un outil efficace, sauf sur la question des procurations tardives.
Ainsi, le décalage entre les attentes des électeurs et les capacités techniques et humaines d'enregistrement des procurations ont conduit à un surcroît de travail pour les communes et à des tensions dans les bureaux de vote.
Les maires remarquent que les délais de transmission des instructions ne correspondent pas au calendrier pratique des scrutins : des procurations déposées le jour du scrutin mais pas transmises aux communes destinataires ont ainsi empêché certains votes d'être pris en compte. Le travail des secrétaires de mairie et des directeurs généraux des services en a été particulièrement compliqué, a fortiori quand les premiers travaillent dans plusieurs communes comme c'est souvent le cas en ruralité.
Elle lui demande donc s'il ne serait pas envisageable d'améliorer les délais de traitement de ces transmissions et de clore les dépôts de procuration en même temps que la campagne officielle, soit le vendredi précédant le scrutin à minuit.
Aucune disposition du code électoral n'impose aujourd'hui de date limite pour établir une procuration pour un scrutin donné. Ainsi, il est donc en théorie possible d'établir une procuration jusqu'au jour du scrutin, ce qui peut impliquer une mobilisation des communes afin de vérifier la validité des procurations établies tardivement, qui n'apparaissent pas sur les listes d'émargement.
Toutefois, les difficultés posées par la prise en compte des procurations tardives préexistaient aux réformes récentes du système de vote par procuration, puisque les procurations papier tardives risquaient déjà de ne pas pouvoir être prises en compte par les communes, notamment du fait des délais d'acheminement postaux.
Néanmoins, l'introduction en avril 2021 d'une télé-procédure (« Maprocuration ») pour donner procuration, dont il est à souligner qu'elle est plébiscitée par les électeurs puisque les procurations dématérialisées représentent 69% des 3,7 millions de procurations établies entre le 1er janvier et le 19 juin 2022, aggrave les difficultés posées par cette absence de date limite, car elle donne aux électeurs un faux sentiment d'immédiateté.
En outre, la gestion centralisée et informatisée des procurations dans le Répertoire électoral unique (REU) depuis le 1er janvier 2022, corollaire de leur « déterritorialisation » (suppression de la condition d'attache du mandant et du mandataire dans la même commune), qui allège au total la charge des communes en la matière, implique que les contrôles de validité effectués par les communes se fassent au moyen d'un poste informatique.
Dès lors, à l'occasion des élections présidentielle et législatives de 2022, il a été recommandé aux communes de mettre en place, dans la mesure du possible, des permanences le jour du scrutin pour vérifier les procurations tardives dont se prévalaient les électeurs dans les bureaux de vote, afin de garantir un exercice effectif de leur droit de vote par procuration.
Toutefois, cela a pu conduire à mettre sous tension certaines communes qui ont rencontré des difficultés pour procéder aux vérifications des procurations tardives le jour du scrutin. En effet, il est clair que toutes les communes ne sont pas en capacité, en termes de ressources humaines et de moyens, de consulter leur logiciel de gestion des listes électorales le jour de l'élection.
C'est pour cette raison qu'à l'issue du bilan des élections législatives et présidentielle, les services du ministère de l'Intérieur et des Outre-mer examinent, en étroite concertation avec les associations d'élus, l'éventualité d'introduction d'une date limite pour l'établissement des procurations.