Question écrite de
Mme Dominique BILDE
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Commission européenne
Objet: Ingérence étrangère dans la crise politique au Cameroun
Le Cameroun est à 80 % francophone, les 20 % de Camerounais anglophones vivant essentiellement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où se trouvent l’essentiel des réserves pétrolières du pays 1 .
Le mouvement identitaire anglophone s’est développé dans les années soixante-dix du siècle dernier, après l’abolition du fédéralisme. Depuis 1996, toutefois, des réformes de décentralisation ont été entreprises.
Le 11 octobre 2016, une grève d’avocats anglophones a provoqué l’exacerbation de la crise, menant à une déclaration d’indépendance unilatérale du «gouvernement d’Ambazonie» en 2017.
Cette aggravation intervient après certaines concessions du gouvernement camerounais, notamment la création d’une commission nationale pour le bilinguisme et le multiculturalisme ou bien le recrutement de magistrats anglophones et de professeurs bilingues.
Le 23 juillet 2019, le Congrès des États-Unis a adopté une résolution extrêmement critique vis-à-vis du Cameroun, l’exhortant à engager un «dialogue sans pré-condition», selon Jeune Afrique, ce qui pourrait signifier que l’éventualité d’une sécession devrait en faire partie 2 .
Comment le haut représentant entend-il favoriser une sortie de crise respectueuse des droits des populations anglophones ainsi que de l’intégrité territoriale du Cameroun?
1 https://www.crisisgroup.org/fr/africa/central-africa/cameroon/250-cameroons-anglophone-crisis-crossroads
2 https://www.jeuneafrique.com/810824/politique/crise-anglophone-au-cameroun-la-guerre-des-lobbyistes-fait-
rage-a-washington/
Réponse donnée par le haut représentant/vice-président Borrell au nom de la Commission européenne (26 mars 2020)
L'Union européenne (UE) demeure préoccupée par la crise qui sévit actuellement dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun, et elle a condamné les graves violations des Droits de l'homme signalées dans ces régions (3). L'UE n'a cessé de demander à toutes les parties de respecter l'état de droit et de résoudre cette crise de manière pacifique dans le cadre d'un dialogue ouvert à tous. Le recours à la violence dans ces régions n'est pas la solution.
À cet égard, le dialogue national qui s'est tenu du 30 septembre au 4 octobre 2019 a offert une première occasion d'ouvrir des perspectives pour une sortie durable de la crise.
À plusieurs reprises, notamment dans le cadre de son dialogue politique avec le Cameroun le 13 décembre 2019, l'UE a exprimé son soutien à l'intégrité territoriale du Cameroun.
En coordination avec ses partenaires internationaux et régionaux, l'UE continuera de soutenir tous les efforts qui peuvent s'appuyer sur la dynamique du dialogue national pour parvenir à une solution pacifique (l'initiative suisse, par exemple).
⋅1∙ https://www.crisisgroup.org/fr/africa/central-africa/cameroon/250-cameroons-anglophone-crisis-crossroads
⋅2∙ https://www.jeuneafrique.com/810824/politique/crise-anglophone-au-cameroun-la-guerre-des-lobbyistes-fait-rage-a-washington/
⋅3∙ https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2019/10/14/cameroon-council-adopts-conclusions/?
utm_source=dsms-auto&utm_medium=email&utm_campaign=Cameroon:+Council+adopts+conclusions