Mme Michelle Meunier demande à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation de lutter contre l'industrialisation de l'agriculture biologique (AB) en interdisant, dans le cahier des charges AB, les cultures sous serres chauffées (en dehors de la production de plants et du maintien hors gel).
Les fruits et les légumes cultivés sous le modèle de l'agriculture biologique connaissent l'engouement des consommateurs, qui trouvent ainsi dans leur assiette la garantie du respect de leurs valeurs écologiques, économiques et sociétales.
Cette croissance du marché conduit aujourd'hui l'agriculture biologique à une dérive industrialisée de son modèle de production : certains maraîchers produisent toute l'année des tomates et concombres biologiques sous des serres chauffées.
À ce jour, le cahier des charges AB exige le respect des cycles naturels et une utilisation raisonnée de l'énergie consommée ; il est donc incompatible avec le chauffage des serres (en dehors de la production de plants et du maintien hors gel).
Il est essentiel pour l'agriculture biologique de conserver ce respect des saisons, indissociable du caractère naturel de ce mode de production pour lequel des paysannes et les paysans se sont investis depuis plusieurs décennies et que nos concitoyennes et concitoyens appellent de leurs vux.
La culture sous serres chauffées a pour conséquences la baisse de la biodiversité (succession de monoculture ou biculture), l'appauvrissement des sols et des émissions de gaz à effet de serre multipliées par vingt en comparaison avec les serres classiques (selon les données de l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie - ADEME).
En Loire-Atlantique, on estime que dix à quinze pourcent du gaz naturel livré par GRT est consommé par des serres pour fournir hors saison des légumes que le soleil pourrait faire pousser à la saison estivale. Cette pratique est une aberration.
S'il a déjà eu l'occasion de s'exprimer sur le sujet en évoquant notamment des solutions de chauffage à l'aide d'énergies renouvelables, il est important de souligner qu'il s'agit là encore d'une aberration écologique au regard des matériaux rares composant ces équipements dispensables.
À chaque saison sa production, c'est ce que mettent en pratique les 8 500 exploitations « bio » en France, ce que transforment les cheffes et cuisiniers de restauration scolaire et ce que souhaitent les consommateurs et les consommatrices.
Ainsi à l'approche du prochain comité national de l'agriculture biologique qui se tiendra le 11 juillet 2019, elle lui demande de prendre position contre les serres chauffées et mettre un terme à ce statu quo qui risque de jeter le discrédit sur toute une filière économique mature.