MESURES ANNONCÉES PAR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
M. le président. La parole est à Mme Mathilde Panot.
Mme Mathilde Panot. Il fallait oser ! Oser dire à la télévision, hier soir, à 20 heures, sans crier gare, que dans moins de deux semaines, nous ne pourrions aller nulle part sans être vaccinés ! Le conseil de défense est votre salle de jeux, où vous jonglez avec la vie des Français. Vous prolongez l'état d'urgence sanitaire jusqu'à décembre, vous parlez aux Français comme à des enfants.
Cet été, Jacques a dit : pas de vaccin, pas de train. Jacques a dit : pas de vaccin, pas de café. Pas de vaccin, pas de commerces. Cet été, si vous êtes vaccinés, mais pas vos enfants, ils vous attendront devant le restaurant. Après la police du vêtement, Macron invente la police sanitaire ! Cet été, votre pass sanitaire sera contrôlé par des policiers non vaccinés et vous demandez aux patrons de café de s'improviser videurs – mais, rassurez-vous, Macron nous l'avait promis : le vaccin ne sera pas obligatoire. Bienvenue en Absurdie !
M. Jean-René Cazeneuve. Démagogie !
Mme Mathilde Panot. Monsieur le Premier ministre, ne nous caricaturez pas : nous croyons à la science. Le vaccin est une des solutions pour lutter contre l'épidémie, mais l'Organisation mondiale de la santé (OMS) elle-même nous dit qu'il faut convaincre plutôt que contraindre. Or avec vous, pour le vaccin comme pour le reste, c'est à la matraque !
Vous avez laissé des soignants travailler en sacs poubelles, vous les avez gazés quand ils réclamaient plus de moyens, et maintenant, vous les stigmatisez pour qu'ils se fassent vacciner. Et le pompon : les pauvres sont les plus exposées au covid, ceux qui en meurent le plus, ceux qui ont le moins d'accès à la vaccination. Alors, en toute logique, vous déremboursez le test PCR.
Monsieur le Premier ministre, tout le monde n'appartient pas à La République en marche. Le virus ne vérifie pas le portefeuille des personnes avant de les contaminer !
M. Jacques Marilossian. C'est honteux !
Mme Mathilde Panot. Les plus pauvres auront, en prime, une mise à mort sociale, avec la réforme de l'assurance chômage et la réforme des retraites. Par contre, jackpot pour , pour qui la fête continue !
Nous vous avions pourtant prévenu : avec 800 millions d'euros d'économies pour l'hôpital public, des fermetures de lits, le manque de personnel soignant, où sont les moyens pour les soignants ? Où sont les purificateurs d'air ? En quoi le fait de briser nos libertés aide-t-il à lutter contre l'épidémie ?
M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran,Madame la députée, il existe un dicton selon lequel l'opposition peut enflammer l'enthousiasme, mais ne convertit jamais. En comparant le score de 18 % obtenu par le président de votre groupe lors de l'élection présidentielle et les 6 % d'intentions de vote que lui attribuent aujourd'hui les sondages,…
Mme Mathilde Panot. Qu'est-ce que c'est que cette réponse ?
M. Olivier Véran,…et en considérant votre ligne politique,…
M. Alexis Corbière. Polémique !
M. Olivier Véran,…celle de l'opposition systématique et de l'absence du courage nécessaire pour accompagner le Gouvernement et les Français dans la prise de décision pour protéger la population, je me dis qu'il n'est jamais trop tard pour changer d'avis – mais encore faudrait-il que vous ayez un avis ! (Vives exclamations sur les bancs du groupe FI.)
M. Éric Coquerel. Réponse de politicien !
M. Alexis Corbière. Rappelez-vous votre score aux régionales dans le Nord ! Et en Île-de-France !
M. le président. Mes chers collègues, je vous en prie ! Monsieur Corbière, veuillez ajuster votre masque !
M. Olivier Véran,En l'occurrence, le Premier ministre vous a proposé plusieurs fois de rejoindre autour de la table l'ensemble des groupes politiques pour discuter de vos propositions et pour nous aider à sortir de la crise sanitaire, mais vous avez pratiqué la politique de la chaise vide.
M. Alexis Corbière. Véran, arrogant !
M. Olivier Véran,Vous avez été consultés par écrit, et vous attendez de savoir ce que nous allons dire pour mieux pouvoir nous contester.
Voilà maintenant quatre ans que vous avez inventé un nouveau concept dans cet hémicycle : celui du vote automatique. Nous proposons le confinement pour sauver les Français : c'est non. L'état d'urgence : c'est non. On sort de l'état d'urgence sanitaire : c'est non.
Mme Mathilde Panot. Exactement le contraire de vous !
M. Olivier Véran,Vous nous parlez de moyens pour l'hôpital, mais quand vous aviez l'occasion de voter 9 milliards d'euros de salaire de plus par an pour les soignants, c'était non.
M. Éric Coquerel. Nous n'avons jamais dit que les masques sont inutiles, nous !
M. Olivier Véran,Vous avez eu l'occasion de voter 19 milliards d'euros d'investissements pour les hôpitaux avec le Ségur : encore non. On vous a proposé d'étendre les mesures du Ségur au médico-social : re-non !
Madame la députée, chacun est libre mais, à l'heure du bilan de vos mandats parlementaires, je regarderai avec attention, ne serait-ce que dans le seul champ du social, l'ensemble des votes négatifs et je les communiquerai aux Français.
M. Éric Coquerel. Arrêtez avec votre suffisance !
M. Olivier Véran,Honnêtement, nous n'avons pas à rougir !
M. Alexis Corbière. Véran, ministre de l'arrogance et de la mauvaise santé !
M. Olivier Véran,On peut s'opposer intelligemment et d'une manière constructive. L'heure est grave pour la population, et les Français attendent de nous que nous soyons à la hauteur.
M. Alexis Corbière. Ah oui ? Rappelez-nous le score de Dupond-Moretti aux régionales ?
M. Olivier Véran,Un peu d'unité nationale ne nuit jamais dans un tel contexte !
M. le président. Chers collègues, retrouvez votre calme, je vous prie. Je vous rappelle qu'ici, les questions sont libres, et les réponses aussi.
M. Alexis Corbière. Nous sommes députés autant que vous, monsieur Ferrand !