M. Daniel Millaud attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, du logement, des transports et de la mer sur l'étonnant paradoxe du cadre réglementaire dans lequel évolue la compagnie de charter Minerve. En effet, le ministère des transports vient - les médias en ont largement fait l'écho - d'accorder à trois compagnies - dont Minerve - une extension de ses autorisations de transports aériens charter au monde entier.
Or, cette mesure, présentée comme un gage de libéralisation, tant attendu dans cet environnement très réglementé, ne semble affecter en aucune manière les autorisations relatives aux liaisons de cabotage. Pour Minerve, qui effectue une grande partie de son activité sur de telles relations (principalement les liaisons entre la métropole et les départements et territoires d'outre-mer), cette mesure paraît donc largement inapplicable.
En effet, et à titre d'exemple très marquant, Minerve a obtenu, début septembre 1990, sa septième autorisation d'exploiter la liaison Papeete-Nouméa en vingt-six mois. La compagnie a demandé l'exploitation commerciale de cette relation en octobre 1988, autorisation toujours assortie de contraintes fortes (quotas de quatre-vingt dix passagers maximum tous les quinze jours), d'une durée trop courte pour permettre une commercialisation normale, à la fois antiéconomiques, et contraires à l'intérêt direct des populations concernées, polynésiennes et néo-calédoniennes.
A l'occasion de ce dernier renouvellement de droits, qui devrait prendre effet à partir du 1er janvier 1991, ne serait-il pas approprié que le Gouvernement applique une politique cohérente en matière de transport aérien, en évitant notamment de maintenir un régime à deux vitesses plus défavorable aux relations aériennes de cabotage entre et vers les lointains territoires d'outre-mer, dont les liaisons aériennes sont absolument vitales, par rapport à un régime relativement libéral sur les dessertes internationales.