M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur le sénateur, dans quel pays vivons-nous ?
Nous vivons dans un pays qui, depuis plus de quarante ans, a laissé la drogue investir non seulement les lieux publics, mais les consciences, via des débats que l'on peut qualifier d'irresponsables sur la légalisation. (M. André Guiol applaudit. - Protestations sur les travées du groupe GEST et sur des travées du groupe SER.)
Nous vivons dans un pays qui est dans un monde où partout la drogue tue. Là où la drogue n'a pas été contrecarrée par l'ordre républicain, des narco-États prospèrent, comme aux portes de l'Europe, aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne, et qui menacent les avocats, les hommes politiques ou les policiers et mettent des contrats sur leur tête, jusqu'à les assassiner.
Nous vivons dans un pays qui est dans un monde où les drogues de synthèse se sont tant et si bien imposées, grâce à l'argent sale, que la première cause de mortalité aux États-Unis est le fentanyl. Nous avons quant à nous réussi, jusqu'à présent, à éviter à la France ce genre de drame, car nous avons une police et une justice courageuses, qui se battent contre cette pieuvre dont sans cesse les tentacules repoussent.
Dans votre département, monsieur le sénateur, il a fallu mobiliser, en six ans, 150 représentants supplémentaires des forces de l'ordre, car il en manquait ; 21 points de deal ont été démantelés à Rennes et aux alentours, plus de 150 interpellations supplémentaires ont eu lieu en 2023 par rapport à 2022 et les saisies ont quintuplé.
En l'espèce, les personnes blessées sont connues pour de multiples inscriptions à leur casier judiciaire pour trafic de stupéfiants.
C'est parce que la police et la gendarmerie travaillent inlassablement dans votre département que, lorsque les points de deal y sont écrasés, les trafiquants essaient de les remplacer, parfois depuis le coeur même des prisons ; il y a là, d'ailleurs, un problème que nous traitons avec le garde des sceaux.
Le trafic se poursuit aussi depuis l'étranger, des Émirats arabes unis par exemple ; nous pouvons à cet égard remercier nos amis marocains qui, il y a quelques jours encore, ont arrêté un très grand dealer international.
Notre travail est de faire en sorte que notre pays ne soit pas celui qui a été laissé aux générations actuelles, mais que nous le changions ; nous le devons à nos enfants, y compris à ceux d'Ille-et-Vilaine. (Applaudissements sur des travées des groupes RDPI et RDSE.)