M. Pierre Laurent. L'offensive de la Turquie contre les forces kurdes et démocratiques syriennes soulève l'indignation. Cette agression est un crime contre la paix, contre les combattants kurdes qui se sont battus contre Daech et contre l'expérience d'un Rojava démocratique. Elle offre une opportunité inespérée à Daech de reconstruire ses forces.
Nous avions alerté à de nombreuses reprises sur les risques de voir la Turquie franchir le pas, sur les ambiguïtés de la coalition et sur le rôle trouble joué par la Turquie en son sein. Aujourd'hui, les masques tombent. La Turquie fait la guerre aux Kurdes, et à personne d'autre, au mépris de la sécurité du monde. Et cette guerre a été autorisée par le Président des États-Unis !
La France doit parler d'une voix claire, forte, indépendante, qui ne s'étouffe pas aussitôt dans les coulisses du renoncement. La France doit agir.
Premièrement, au-delà de l'embargo annoncé sur les armes, à quelles sanctions économiques, financières et politiques fortes la France est-elle prête ? La Turquie est un important partenaire commercial, nous avons donc les moyens d'agir.
Deuxièmement, la France continue-t-elle d'agir pour aboutir à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne ? Et comment ?
Troisièmement, que répond la France à l'appel lancé par quinze organisations humanitaires ? Quelle est notre stratégie pour obtenir un cessez-le-feu qui protège le travail humanitaire, qui garantisse son accès en tout lieu, qui protège les populations civiles par l'interdiction de l'utilisation des armes explosives en zones peuplées, qui permette de rapatrier les enfants français détenus dans les camps de prisonniers ?
Enfin, puisque les États-Unis et la Turquie sont au cur de cette affaire et qu'ils sont membres de l'OTAN, n'est-il pas temps de convoquer un débat parlementaire d'urgence interrogeant le rôle de l'OTAN, notre rôle dans cette alliance et notre place au sein de son commandement intégré ? Le Gouvernement est-il prêt à convoquer d'urgence ce débat parlementaire ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées du groupe SOCR.)