PRIX DES CARBURANTS
M. le président. La parole est à Mme Clémentine Autain, pour le groupe La France insoumise.
Mme Clémentine Autain. Franchement, mes chers collègues, comment ne pas ressentir la colère grandissante contre la hausse des prix du carburant ? Monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, comment pouvez-vous mépriser le sentiment qui se cristallise dans notre pays ? Vous aggravez l'injustice fiscale et, pour faire passer la pilule, vous nous racontez que ceux qui trinquent doivent s'y résoudre sans broncher au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Mes chers collègues, mais quelle arnaque ! Quelle arnaque !
M. Éric Straumann. C'est vrai !
Mme Clémentine Autain. Je suis élue d'un territoire de grande banlieue, je connais bien la dépendance quotidienne à la voiture pour aller travailler, emmener les jeunes au lycée, remplir son frigo. Les subventions au gasoil et au diesel, l'étalement urbain et l'éloignement des services publics, nous les avons subis.
La souffrance due à des transports en communs défaillants et chers, la galère des bouchons aux heures de pointe ou les maladies chroniques ne sont pas nos choix, mais le résultat de votre modèle de développement.
Mme Danièle Obono. Exactement !
Mme Clémentine Autain. En effet, pendant que vous faites les poches de ceux qui redoutent la fin du monde mais aussi la fin du mois, où est votre politique écologique ? Après les cars Macron, vous annoncez des retards pour le super-métro en Île-de-France, vous autorisez le GCO – grand contournement ouest –, une autoroute privée dans le Grand Est, et vous signez pour un forage pétrolier au large de la Guyane.
Vous épargnez le kérosène de taxes au nom de la sacro-sainte compétitivité. Pendant que ceux qui ne peuvent pas aller travailler sans voiture seront rançonnés à la pompe, les croisières et les jets privés poursuivront leur promenade sans entraves (Mêmes mouvements) et Total, premier pollueur, pourra continuer tranquillement de distribuer ses dividendes.
M. Fabien Di Filippo. Elle n'a pas tort !
Mme Clémentine Autain. La rénovation thermique ? On attendra ! (Exclamations.)
M. Erwan Balanant. Relisez la page 53 de votre programme !
M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !
Mme Clémentine Autain. L'aide à l'agriculture bio ? On attendra !
Mes chers collègues, l'écologie a vraiment bon dos, surtout quand on sait qu'à peine 19 % de cet impôt indirect financera la transition énergétique.
Combien de temps encore allez-vous vous moquer du monde ?
M. Erwan Balanant. C'est vous qui vous moquez du monde !
Mme Clémentine Autain. À quand la justice fiscale et un investissement sérieux dans la transition énergétique, indispensable si l'on croit un minimum à l'environnement ?
M. le président. La parole est à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.
M. François de Rugy,Madame la députée, je pourrais vous répondre en rappelant tout ce qui est fait pour les transports en commun en Île-de-France.
M. Éric Coquerel. Avec la SNCF ?
M. le président. Monsieur Coquerel, veuillez écouter la réponse !
M. Éric Straumann. Bobo parisien !
M. François de Rugy,J'espère que vous en êtes convaincue, l'Île-de-France est la région où l'on fait le plus pour les transports en commun. On va augmenter de 40 % les investissements publics dans les transports en commun dans les cinq ans à venir, par rapport à ce qui a été fait au cours des cinq années précédentes.
Mme Valérie Beauvais et Mme Valérie Lacroute . C'était déjà prévu !
M. François de Rugy,Vous ne pouvez pas nous reprocher de faire maintenant ce qui n'a pas été fait pendant des années. Pendant des années, la route a été privilégiée, alors que, maintenant, nous donnons la priorité au transport ferroviaire.
M. le président. Veuillez écouter la réponse, mes chers collègues !
M. François de Rugy,Madame Autain, si on veut être efficace dans le cadre de la transformation écologique, il faut de la cohérence entre les discours et l'action. Comment peut-on dire ce que vous venez de dire, et appeler, comme le fait votre groupe, celui de la France insoumise, à manifester le 17 novembre avec l'extrême-droite, avec ceux qui s'opposent à l'action pour le climat et l'écologie ?
M. Éric Straumann. Il faut envoyer Benalla !
M. François de Rugy,Quelle cohérence y a-t-il entre les discours que vous teniez lors de la campagne présidentielle, où vous vous faisiez les champions de l'écologie, et votre action ultérieure ?
M. Aurélien Pradié. Vous voulez qu'on vous rappelle vos primaires à vous ?
M. François de Rugy,Il y a quelques semaines, dans cet hémicycle, a été présenté un amendement dont vous étiez la deuxième signataire, madame Autain et qui visait à augmenter de 500 millions d'euros la taxe carbone. Dites-le, madame Autain, à celles et ceux qui vont manifester le 17 novembre, présentez-leur votre programme ! Nous, nous jouons cartes sur table ! Oui, nous avons fait voter une trajectoire pour la fiscalité écologique et, oui, nous allons donner aux Français les moyens de conduire ce changement ! (Les députés du groupe LaREM ainsi que plusieurs députés du groupe MODEM se lèvent et applaudissent. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)