M. le président. La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)
Mme Anne-Sophie Romagny. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question a été adressée au Premier ministre, car elle a trait tant à la souveraineté industrielle qu'à la souveraineté sanitaire.
Monsieur le ministre de l'économie, qui allez me répondre, je veux vous parler d'un sujet fiévreux, qui me donne bien mal à la tête, à savoir la priorité fixée par le Gouvernement en 2023 sous le titre : « garantir l'accès pour tous aux médicaments ». J'associe à ma question ma collègue du Calvados Sonia de La Provôté, présidente de la commission d'enquête sur la pénurie de médicaments et les choix de l'industrie pharmaceutique française.
Voilà un an, le ministre de la santé insistait sur la démarche de « reconquête sanitaire » voulue par le Président de la République. Quelle n'est pas aujourd'hui notre incompréhension, quand nous constatons que le Gouvernement soutient la décision de Sanofi de vendre sa filiale Opella, qui produit le Doliprane, la Lysopaïne ou le Maalox, à un fonds américain !...
Monsieur le ministre, je vous ai bien entendu garantir que le Gouvernement exigerait un certain nombre d'engagements économiques et que cette vente ne remettrait en question ni la production de Doliprane en France ni l'approvisionnement du marché français.
Pour autant, nous ne partageons pas votre optimisme. Pis, nous n'acceptons pas ce changement de cap de la part du Gouvernement, car il est en contradiction totale avec la volonté affichée de relocaliser la production de médicaments.
M. Michel Savin. Eh oui !
Mme Anne-Sophie Romagny. Au-delà de l'avenir des salariés, ce sont en effet tant notre souveraineté industrielle que notre souveraineté sanitaire qui sont menacées. C'est une question de santé publique !
Comment ne pas se rappeler que, durant la crise du covid-19, nous manquions cruellement de Doliprane ? Et que dire de la perspective d'une introduction en bourse dans trois ans et des risques associés d'une offre publique d'achat (OPA) étrangère ? Quelles garanties pouvez-vous nous apporter à long terme ?
Ma question est donc double.
Pourquoi, en l'espèce, ne pas opposer votre veto, alors que l'État avait menacé de le faire pour la vente de Biogaran et qu'un fonds français était prêt à acheter Opella ?
Qu'en est-il du guichet unique destiné à soutenir la relocalisation de la production des médicaments essentiels et qu'en est-il des trente-six recommandations de la commission d'enquête sur la pénurie de médicaments ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées des groupes SER et GEST. - M. Pascal Savoldelli applaudit également.)