M. Fernand Tardy rappelle à Mme le ministre d'Etat, ministre des affaires sociales, de la santé et de la ville, que pour la deuxième fois successive, le Conseil d'Etat a annulé les arrêtés annuels de tarification pour l'année 1989, comme il l'avait fait pour les arrêtés de 1988. L'année dernière, l'annulation des arrêtés de tarification avait donné lieu à une restitution aux entreprises du trop perçu, sous forme d'un abattement de 4 p. 100 sur les cotisations accidents de travail pour l'année 1993.
L'annulation des arrêtés de 1989 doit, en toute logique, aboutir à la même décision. Or l'article 35 du projet de loi susvisé a pour objet, en réalité, de valider les taux de cotisations d'accidents de travail de 1989, calculés sur la base des deux arrêtés ministériels relatifs à la tarification des accidents de travail de 1989 qui ont été annulés par arrêt du Conseil d'Etat le 9 juillet 1993.
L'adoption de cet article, en l'état, dispenserait par conséquent le gouvernement de reverser aux entreprises 1,7 milliard de francs indûment perçu, au titre des cotisations d'accidents de travail pour 1989. La commission des affaires sociales du Sénat avait adopté un amendement de son rapporteur, M.
Claude Huriet, visant à reconduire les dispositions prises l'année dernière, dans des circonstances identiques, sous forme d'un abattement sur les cotisations d'accidents de travail pour 1994. Au cours du débat en séance publique, cet amendement a été catégoriquement refusé par le Gouvernement, qui a obtenu son retrait.
Cette attitude gouvernementale est doublement choquante : elle est violation inadmissible de l'autorité de la chose jugée ; elle entérine, au mépris des déclarations officielles, la pratique antérieure, dénoncée par le Conseil d'Etat, de financement du déficit de l'assurance maladie par les excédents du régime des accidents de travail.
Il lui demande de lui dire quelles mesures elle compte prendre pour rétablir les droits des entrepreneurs privés injustement des remboursements de sommes qu'ils ont indûment versées.