M. François Abadie apprend que M. le ministre de la solidarité, de la santé et de la protection sociale par son arrêté du 12 décembre 1989 a supprimé le remboursement des préparations magistrales à base de plantes médicinales aux assurés sociaux. Les répercussions sociales de cette mesure lui semblent importantes tant il est vrai que de nombreuses personnes, et notamment celles d'un certain âge, se soignent souvent avec l'une ou l'autre des 1 200 plantes médicinales.
Peut-il connaître à cet effet l'économie que rapportera au budget de la sécurité sociale une semblable mesure ? Il l'interroge également pour savoir quels sont les motifs de sa décision, alors qu'est devenue publique la démission protestataire du professeur Delaveau de la commission Plantes au ministère ? Il souhaite être informé sur les conclusions auxquelles aurait abouti la commission Transparence pour proposer son avis, cependant que les pharmacologues membres de ladite commission ont manifesté leurs regrets, sans aucun doute pour rappeler que les plantes médicinales entrent dans la composition de préparations magistrales fiables et efficaces, puisque 60 p. 100 des médicaments à vignette sont à base de ces plantes.
Faut-il qu'il souligne, par ailleurs, que la phytothérapie est depuis 1987 reconnue par l'académie de médecine comme une thérapeutique " à part entière " et que les facultés de médecine de Bobigny, de Montpellier et de Clermont-Ferrand délivrent un diplôme universitaire de phytothérapie ? Il s'inquiète donc des prétextes qui auraient pu motiver la parution du décret du 12 décembre 1989, sauf alors à apprendre que les pharmaciens n'offriraient pas les garanties professionnelles nécessaires pour les préparations magistrales.
Il lui rappelle enfin qu'à son avis ce décret altère la liberté de prescription médicale et favorise une médecine de classe, sans même invoquer toutes les difficultés économiques (emploi, salaires, bénéfices, etc.) qui seront infligées aux agents économiques qui cultivent sur plus de 6 000 hectares en France les plantes médicinales, cependant que les laboratoires Bauer ou Madaus, sis en R.F.A., et Invernis Delta Beffa pourront à loisir désormais, faute de concurrence, pénétrer le marché français.
En conséquence, il l'invite à bien vouloir lui donner les raisons expresses de sa décision, laquelle a provoqué un trouble profond dans l'opinion comme chez les professionnels de la santé.