M. Jean-Marie Poirier souhaite appeler l'attention de Mme la ministre déléguée aux affaires européennes sur l'important retard pris par la France s'agissant de la transposition des directives européennes. Le Conseil européen de Stockholm, tenu au printemps 2001, avait invité les États membres à réduire leur déficit de transposition à 1,5 %.
Le Conseil européen de Barcelone, réuni en mars 2002, avait décidé une tolérance zéro à l'encontre des directives " marché intérieur " accusant un retard de transposition de plus de deux ans. La France a atteint au mois de novembre 2002 un taux record de déficit de transposition de 3,8 %. Dans le tableau d'affichage présenté par la Commission européenne le 11 novembre 2002, la France figurait ainsi en dernière position avec un déficit de transposition de 3,8 % (56 directives en retard de transposition), derrière la Grèce (3,3 %), le Portugal (3,1 %) et l'Allemagne (2,9 %).
Tirant les conséquences de ce tableau d'affichage, le Gouvernement met en oeuvre, depuis novembre 2002, un plan d'accélération de la transposition des directives avec comme objectif prioritaire, pour chaque ministère, la division par trois du nombre total de directives en retard de transposition et la transposition de toutes les directives en retard de plus de deux ans.
Malgré une volonté politique certaine et une légère résorption du retard, le bilan reste encore mauvais pour la France. La publication, le 5 mai 2003, du tableau de bord du marché intérieur indique que la France est l'État membre qui fait l'objet du plus grand nombre de procédures d'infraction au droit communautaire, avec 220 procédures en cours.
Loin d'être anodin, le retard pris par un État membre dans la transposition des directives européennes a de sérieuses conséquences tant politiques, puisqu'il affecte sa crédibilité au niveau européen, que financières, puisque la condamnation par la Cour de justice des communautés européennes pour non respect du droit communautaire peut s'accompagner de sanctions financières.
Le rapport n° 1009 de l'Assemblée nationale sur l'état de transposition des directives européennes publié le 9 juillet 2003 propose que le secrétariat général du comité interministériel pour les questions de coopération économique européenne (SGCI) impose la tenue d'une réunion interministérielle peu de temps après la publication d'une directive et appelle l'attention du ministère chef de file six mois avant l'expiration d'une directive sur l'urgence de sa transposition.
Outre cette procédure d'alerte, le rapport indique qu'il serait opportun, dans le cas où une amélioration sensible ne serait pas constatée dans les prochains mois, de légiférer afin de procéder à une étude d'impact juridique sur toute proposition de directive ayant une incidence législative et de tenir un échéancier d'adoption des textes législatifs nécessaires à la transposition.
Il lui demande en conséquence de bien vouloir lui indiquer les initiatives que le Gouvernement compte prendre afin de rattraper ce retard et réduire l'ampleur du contentieux juridique devant la justice européenne pour infraction aux règles du marché intérieur.