M. Roger Karoutchi attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur les débordements en marge des manifestations et des rassemblements publics.
Les célébrations dans la soirée du 15 juillet 2018, à la suite de la victoire de l'équipe de France lors de la coupe du monde de football, n'ont pas échappé à la règle. À Paris, le Publicis Drugstore, situé sur le haut de l'avenue des Champs-Elysées a notamment été saccagé. L'avenue a même dû être évacuée vers 23 h 30 par les forces de l'ordre, dans la violence.
À Rouen, deux journalistes ont été agressés alors qu'ils filmaient une rixe. Place Bellecour, à Lyon, des projectiles et des bombes lacrymogènes ont été échangés dès le début de la soirée entre délinquants et forces de l'ordre.
Vitres brisées, voitures détruites, destructions en tout genre et affrontements avec la police ; tous ces événements sont devenus habituels lors de rassemblement populaires dans l'espace public. Lors des défilés du 1er mai 2018, les 1 200 « black blocs » avaient déjà marqué les esprits par leurs actes d'une rare violence.
Le 5 mai 2018, un policier des compagnies républicaines de sécurité (CRS) avait été blessé et une voiture de FranceInfo avait été dégradée.
Il apparaît clairement que la stratégie choisie pour couvrir ce type d'événements n'est plus en adéquation avec la réalité. Il est fortement regrettable que des personnes venues simplement célébrer la victoire d'une équipe nationale soient réprimées dans la violence, par perte de contrôle due au manque d'organisation préalable des forces de l'ordre.
Face à ce constat, il lui demande donc ce que compte faire le Gouvernement pour mettre fin à ces débordements répétés lors des rassemblements, qui font courir des risques importants aux participants ainsi qu'aux riverains. Il lui demande également à combien se chiffrent les dégâts faits dans la nuit du 15 juillet, et si les auteurs de ces actes délictueux devront assumer leur responsabilité face aux pertes matérielles qu'ils ont causées.
Le ministre d'État, ministre de l'intérieur, tient en premier lieu à souligner et saluer l'engagement des services de l'État (forces de sécurité et services de secours) pour assurer la sécurité et la tranquillité de la population au cours des festivités liées à la finale de la Coupe du monde de football.
Un dispositif de sécurisation d'une ampleur exceptionnelle a en effet été mis en place pour assurer, sur l'ensemble du territoire national, la sécurité des Français. En prévision des événements des 13, 14 et 15 juillet 2018 (Fête nationale, Tour de France, Coupe du monde de football), 110 000 policiers et gendarmes et 44 000 sapeurs-pompiers ont été engagés durant trois jours.
Sur le plan local, les préfets ont mis en uvre, en lien avec les maires, des mesures adaptées à chaque situation, notamment pour accompagner les rassemblements organisés par les communes. D'importants dispositifs ont été déployés dans de nombreuses villes : Toulouse, Strasbourg, Rouen, Marseille, Bordeaux, etc.
À Paris, la préfecture de police a par exemple mobilisé près de 4 000 membres des forces de l'ordre pour sécuriser l'avenue des Champs-Elysées. Sur le plan de la communication, le ministère de l'intérieur avait adressé des consignes aux préfets afin que les retransmissions publiques de matches soient limitées aux espaces clos et sécurisés.
La population en a naturellement été informée par différents canaux. Il est important également de rappeler le rôle essentiel qui a été celui des policiers municipaux, des agents de sécurité privée et des membres des associations agréées de sécurité civile qui ont concouru, aux côtés des forces de l'ordre, à la sécurisation des événements de ce week-end exceptionnel, notamment des fans-zones.
Grâce à cette mobilisation, et à l'esprit festif de l'immense majorité des personnes qui ont suivi puis fêté sur la voie publique la victoire de la France, la très grande majorité des événements organisés en marge de la finale, aux abords notamment des plus de 230 fans-zones, se sont déroulés sans difficultés majeures, dans un esprit de communion nationale.
Aucun phénomène majeur de violence urbaine n'a en particulier été à déplorer alors que des millions de personnes ont participé à l'événement. Toutefois, une infime minorité de participants à ces rassemblements a profité des foules descendues dans les rues pour commettre des exactions et prendre à partie des policiers, notamment à Paris, Lyon et Marseille.
Le professionnalisme et l'efficacité des forces de l'ordre ont permis de contenir ces troubles et débordements. Face aux violences urbaines et exactions, les forces de l'ordre sont intervenues avec diligence et fermeté pour en rechercher et appréhender les auteurs. 292 personnes ont ainsi été interpellées sur l'ensemble du territoire national, dont 90 à Paris.
Aucune violence ne saurait rester impunie et il appartient à l'autorité judiciaire d'y apporter, sur le plan civil ou pénal, les suites nécessaires. L'État a donc tout mis en uvre pour que ces moments de fête et d'unité nationale soient partagés dans les meilleures conditions possibles malgré, en particulier, le contexte de menace terroriste.