M. Jean-Pierre Cantegrit. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la Côte d'Ivoire est à nouveau l'objet de nos inquiétudes.
Depuis plus d'un an, le déclenchement de la guerre civile en Côte d'Ivoire a donné lieu à de nombreux commentaires et à de nombreuses interventions, y compris au sein de cette assemblée.
L'action menée, le samedi 27 septembre, par 200 à 300 soldats français à Bouaké, au Nord, à la suite de l'attaque dont a été victime la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest et qui a fait au moins vingt-trois morts - si ce n'est plus -, Africains, tous militaires, relance nos interrogations sur le processus de paix.
Certes, il s'agissait d'une tentative de cambriolage, mais l'intervention des troupes françaises et la récente déclaration de notre ministre de la défense, Mme Alliot-Marie, sur la présence de 4 000 militaires français de l'opération « Licorne » nous interpellent.
Un climat malsain règne en Côte d'Ivoire.
Dans une lettre aux Ivoiriens, le président Laurent Gbagbo se déclare à bout de concessions et dans l'impossibilité d'organiser des élections en octobre 2005.
Qu'en est-il de l'accord et du processus de Marcoussis ?
Quant aux forces du Nord, elles décident de ne plus participer au conseil des ministres ; elles s'interrogent, dit-on, sur une éventuelle partition de la Côte d'Ivoire. Tout cela ne peut que nous rendre inquiets.
Pour leur part, nos compatriotes, de plus en plus rares en Côte d'Ivoire, assistent impuissants à la dégradation de la situation. Il paraît donc étonnant que, sur consultation de votre ministère, notre ambassadeur ait indiqué que, le 30 novembre prochain, des élections pour la représentation des Français de l'étranger pourraient avoir lieu.
Quel est ce simulacre ? Qui seront les votants ?
M. Paul Loridant. Ah, ça, c'est fondamental !
M. Jean-Pierre Cantegrit. Quelle sera leur liberté d'expression ? Les élèves français sont caillassés à la sortie du lycée français. Faudra-t-il faire garder les bureaux de vote par les troupes françaises ?
On ne peut que s'interroger : pourquoi, dans la même situation, avoir en Algérie repoussé de trois ans la tenue des élections au Conseil supérieur des Français de l'étranger, ce qui avait été accepté alors par le Conseil constitutionnel, et ne pas avoir appliqué cette même solution pour la Côte d'Ivoire ?
Il est encore temps, par un simple texte législatif, de reporter ces élections et d'espérer ainsi une expression libre et démocratique de nos compatriotes restant ou revenant en Côte d'Ivoire.