M. le président. La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes
chers collègues, c'est une véritable douche froide que les familles ont subie depuis votre prise de fonctions.
(Protestations sur les travées socialistes. - Tout à fait ! et applaudissements sur les travées du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
Brusquement, et sans concertation, vous leur assénez une mise sous condition de ressources des allocations familiales, une
réduction de l'AGED et vous divisez par deux l'abattement fiscal maximal pour l'emploi de personnel à domicile.
M. Jean-Louis Carrère. C'est la révolte des grands-parents !
M. Jean-Claude Carle. Indépendamment du véritable matraquage que constituent ces trois mesures conjuguées, vous
allez, monsieur le Premier ministre, développer le travail au noir et tuer les emplois familiaux. (Protestations sur les
travées socialistes.)
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ils sont mal organisés quand même !
M. Paul Raoult. Ils manquent vraiment d'idée !
M. André Rouvière. Ils pourraient varier les questions !
M. Jean-Claude Carle. Je m'attacherai aux emplois familiaux.
Où est la logique de votre action, alors que, dans le même temps, vous engloutissez les fonds publics dans la création ex
nihilo de 350 000 emplois-jeunes, dont la pérennité et la solvabilité sont très hypothétiques ?
Vous nous expliquez que ne seront concernées que quelques dizaines de milliers de ménages, en réalité essentiellement
des familles que vous considérez comme des « privilégiées », pour reprendre vos propos du 29 septembre dernier.
M. René-Pierre Signé. On vous a répondu !
M. Jean-Claude Carle. Mais, monsieur le premier ministre, comment irez-vous expliquer à telle employée de maison
licenciée qu'elle travaillait en réalité pour une famille de « privilégiés » ? Par cette mesure, vous ne contribuez qu'à «
opposer les catégories sociales entre elles », pour reprendre les propos mêmes de Mme la secrétaire d'Etat au tourisme.
M. Paul Raoult. Il nous ennuie !
M. Jean-Claude Carle. Vous nous expliquez que l'Etat n'a pas vocation à prendre à sa charge les emplois à domicile.
M. André Rouvière. Variez vos questions !
M. Jean-Claude Carle. Mais pourquoi donc un tel employeur, à la différence de l'artisan, du commerçant ou du chef
d'entreprise, ne pourrait-il pas imputer sur ses revenus les salaires qu'il verse ?
Le scandale, monsieur le Premier ministre, est aussi dans la rétroactivité de ces mesures. (Applaudissements sur les
travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
Comment les contribuables pourraient-ils avoir confiance en l'Etat, lorsque celui-ci change les règles du jeu et revient sur
sa parole ? (Protestations sur les travées socialistes.)
M. Claude Estier. Vous ne l'avez jamais fait ?
M. Paul Raoult. Vous avez donné l'exemple ! Deux cents milliards !
M. Jean-Claude Carle. Ils ont engagé et payé des salariés sur la base de règles fixées par l'Etat ; or, le 24 septembre,
vous leur annoncez que celui-ci n'honorera pas ses engagements.
Aussi, monsieur le Premier ministre, ma question (Enfin ! sur les travées socialistes) est double.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Vous n'avez droit qu'à une !
M. Jean-Claude Carle. Aurez-vous la sagesse de revenir sur une mesure fallacieuse, injuste et contre-productive d'un
point de vue économique ou, à tout le moins, de ne pas l'appliquer aux revenus de 1997 ?
Par ailleurs, depuis votre arrivée au pouvoir, vous avez manifesté, notamment dans cet hémicycle, votre volonté d'associer
le Parlement aux débats qui précèdent ou accompagnent la mise en oeuvre des orientations du Gouvernement. Où est
donc passé ce souci permanent ? Allez-vous engager rapidement un débat devant le Parlement sur la politique familiale ?
(Très bien ! sur les travées des Républicains et Indépendants.)
La place et l'importance de la famille dans notre société méritent mieux qu'une série de mesures comptables pénalisantes
prises à la va-vite. La famille doit être le domaine d'investissement prioritaire de la nation. (Très bien ! sur les travées des
Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)