M. Laurent Burgoa attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la situation que connait actuellement la profession d'infirmier de bloc opératoire diplômé d'État (IBODE).
En effet, le Conseil d'État, qui avait été saisi par le syndicat des chirurgiens de France (UCDF), le syndicat « le Bloc » et la fédération de l'hospitalisation privée (FHP), leur a donné raison. Leur objectif était d'obtenir l'extension des actes autorisés, dans le cadre des mesures transitoires pour les infirmiers de soins généraux (IDE) exerçant au bloc opératoire, à tous les actes exclusifs IBODE.
Le Conseil d'État a ainsi annulé les mesures transitoires en vigueur et a demandé au Gouvernement leur réécriture dans un délai de 4 mois pour assurer la sécurité juridique des IDE mais aussi la continuité de soins en bloc opératoire (Conseil d'État, 30 décembre 2021, n°434004).
Pourtant, ces mesures transitoires, temporaires par nature, devaient permettre la formation d'IBODE par les employeurs et depuis 2015. Ceci afin d'optimiser la sécurité au sein des blocs opératoires. Il semble malheureusement que ni la FHP, ni les chirurgiens libéraux adhérents de l'UCDF, n'ont réussi à tenir leurs engagements mais, paradoxalement, en tirent des bénéfices puisqu'en obtenant l'abrogation du décret, sous prétexte d'un manque d'IBODE en bloc opératoire, ils peuvent désormais mobiliser du personnel infirmier non diplômé IBODE et au statut professionnel moins valorisé permettant ainsi des économies.
Il lui demande comment il compte faciliter l'accès à cette formation de spécialisation IBODE.
Pour rappel, les travaux du Ségur de la Santé portant sur les rémunérations se sont concrétisés avec la mise en uvre du complément de traitement indiciaire en 2020, permettant une augmentation des rémunérations de 183 euros net chaque mois, ainsi que la finalisation des travaux de refonte des grilles indiciaires.
Les infirmiers de blocs opératoires diplômés d'Etat (IBODE) ont ainsi été reclassés dans une nouvelle grille le 1er octobre 2021 et ont bénéficié d'un gain moyen de 79 euros brut par mois et d'un déroulement de carrière plus intéressant. A titre d'illustration, à terme, ces évolutions représentent un gain de 577 euros net chaque mois pour un IBODE en fin de carrière ou 250 euros net pour un IBODE avec 5 ans d'ancienneté.
Le ministre des solidarités et de la santé a réuni les représentants des IBODE le 10 janvier 2022 pour partager les conclusions du rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur le bilan de la mise en uvre de la pratique avancée, des protocoles de coopération et les pistes d'évolution envisageables.
La question de l'élargissement des compétences des IBODE nécessite un travail de fond qui doit être engagé avec l'ensemble des acteurs dans les prochains mois. Le ministre a réaffirmé l'engagement qui a déjà été pris de revoir la formation IBODE pour la porter au niveau Master et de finaliser les travaux qui sont déjà en cours pour aller vers l'universitarisation de la formation en préservant néanmoins les spécificités de la formation aujourd'hui délivrée dans les écoles de formation.
Ce temps d'échange a été l'occasion de revenir sur la décision du Conseil d'Etat du 30 décembre 2021 qui a décidé d'une annulation partielle et a fait injonction au Gouvernement d'adopter, dans un délai de quatre mois, de nouvelles dispositions réglementaires transitoires en vue de permettre l'accomplissement des actes relevant de la compétence exclusive des IBODE par un nombre suffisant d'infirmiers diplômés d'Etat exerçant au sein des blocs opératoires et le bon fonctionnement de ceux-ci dans des conditions qu'il lui revient de déterminer, pour assurer le respect du principe de sécurité juridique.
Il convient de préciser que les autorisations d'exercice délivrées restent valides. Néanmoins, le ministère des solidarités et de la santé devra autoriser l'exercice des 10 actes exclusifs et, d'autre part, ouvrir une nouvelle fenêtre de dépôt des dossiers de candidatures pour régulariser la situation des faisant fonction IBODE (FFIBODE).
A la demande du ministre, la direction générale de l'offre de soins a mis en place des concertations avec l'ensemble des acteurs concernés pour déterminer un dispositif opérationnel et consensuel, dans le calendrier déterminé par le Conseil d'Etat. Un groupe de travail sera réuni très prochainement pour partager les contributions de l'ensemble des parties prenantes et construire les modalités de la reconnaissance des actes exclusifs des IBODE.
En outre, le ministre des solidarités et de la santé a annoncé à la profession l'octroi aux IBODE d'une nouvelle bonification indiciaire de 13 points (49 euros nets) aujourd'hui réservée aux infirmiers en soins généraux aux blocs opératoires. La spécificité et technicité de l'exercice des IBODE doivent en effet être reconnues au travers de cette bonification.
Ces travaux traduisent l'engagement du Gouvernement pour la reconnaissance de cette profession majeure dans notre système de santé.