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Situation politique et affaire Benalla

Question au Gouvernement de M. Claude Malhuret - Premier ministre

Question de M. Claude Malhuret,

Diffusée le 24 juillet 2018

M. Claude Malhuret. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir : M. Benalla voulait faire de la police sans que ça se sache, mais ça n'a pas marché ! (Sourires.)

J'espère que vous me pardonnerez cette entrée en matière ironique devant une situation très sérieuse, mais on ne peut manquer d'être frappé depuis quelques jours du contraste vertigineux entre, d'un côté, la farce d'une grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le « bœuf-carottes » (Rires et applaudissements sur plusieurs travées.) et, de l'autre, le tourbillon politique qui met désormais en cause les plus hauts sommets de l'État et bloque les travaux de l'Assemblée nationale.

L'une des raisons de cette situation, c'est un silence : celui du chef de l'État. Or ce silence devient pesant. En ne s'exprimant pas, non seulement le Président ne se protège pas, mais il s'expose.

D'abord, il laisse les opposants les plus radicaux en situation de procureur, sans leur apporter de réponse définitive. Ensuite, il laisse se produire des contradictions entre les acteurs au cours de commissions d'enquête regardées par tous les Français, sans indiquer la voie du rassemblement. Enfin, l'anonymat des réseaux sociaux permet aux rumeurs les plus folles, les plus blessantes et les plus abjectes de proliférer sans aucun moyen d'y faire face.

Le général de Gaulle disait que le Président de la République est en charge de l'essentiel. Il y a huit jours, l'affaire Benalla n'était pas l'essentiel ; aujourd'hui, que ce soit justifié ou non, elle l'est devenue.

Il y a quinze jours, devant le Congrès, le Président proposait non seulement de pouvoir s'adresser aux parlementaires, mais aussi de pouvoir leur répondre. Aujourd'hui, ce ne sont pas uniquement les parlementaires, mais de très nombreux Français qui attendent sa parole.

Cette affaire, contrairement à ce que j'ai entendu, n'est évidemment pas le Watergate, ni même, pour rester en France, celle des écoutes de l'Élysée, le Rainbow Warrior ou l'affaire des Irlandais de Vincennes. Mais en l'absence de réponse définitive, elle risque de devenir aussi délétère.

Cette réponse claire et définitive, seul le Président de la République peut aujourd'hui l'apporter. Ce n'est donc pas une question que je vous pose, monsieur le Premier ministre, c'est une requête que je vous adresse : pouvez-vous lui dire que les Français attendent cette réponse ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste, du groupe Les Républicains, du groupe socialiste et républicain, du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

Réponse - Premier ministre

Diffusée le 24 juillet 2018

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Monsieur le président Malhuret, il n'appartient pas à un Premier ministre de porter une appréciation sur une question qui est posée, il lui appartient d'y répondre. Permettez-moi de ne pas respecter ce principe et de vous dire combien les termes de la question que vous posez, l'humour dont vous faites preuve et l'élégance avec laquelle vous vous exprimez apparaissent évident.

Au fond, vous l'avez dit, ce n'est pas une question, c'est une requête. Mais c'est une requête à laquelle je ne peux pas répondre, je peux néanmoins la transmettre,…

Mme Esther Benbassa. À Sa Majesté !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. … et je le ferai.

Bien entendu, il appartient au Président de la République de choisir le moment, le lieu et le message qu'il délivrera.

Mme Esther Benbassa. Le 15 août !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. Le moment venu, il exprimera ce qu'il considère devoir dire sur cette affaire.

Mme Esther Benbassa. Oh ! Que c'est bien dit !

M. Édouard Philippe, Premier ministre. En attendant, le Gouvernement et moi-même nous répondons aux questions qui nous sont légitimement posées à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Nous participons aux commissions d'enquête qui souhaitent auditionner les membres du Gouvernement et qui les interrogent avec rigueur et sans ménagement, ce qui est bien naturel. Nous faisons tout pour que le régime institutionnel de la Ve République, qui est parfois critiqué, parfois porté aux nues, mais qui est le nôtre et qui est fondé sur cette particularité assez rare d'être un système parlementaire avec un président fort, puisse continuer à fonctionner en reposant sur ses deux principes une présidence forte et un Gouvernement qui répond aux questions (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.) du Parlement et qui est responsable devant lui.

(Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – MM. Didier Guillaume et Jean-Marc Gabouty applaudissent également.)

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