Mme Clémentine Autain attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur l'attitude de la France vis-à-vis de la situation au Soudan. Alors que des milliers de citoyens s'engageaient dans une lutte pacifique pour la démocratie depuis le renversement d'Omar el-Bechir, les forces paramilitaires contrôlées par le conseil militaire de transition ont violemment dispersé les différents sit-in (dont celui emblématique de Khartoum) et ont pris le contrôle du pays.
Dans cette confrontation entre aspirations démocratiques d'un peuple et forces contre-révolutionnaires qui souhaitent les étouffer, la France est intervenue avec tiédeur. En appelant au consensus politique et en rappelant le rôle sécuritaire du conseil militaire de transition, elle se désengage de ses responsabilités vis-à-vis d'acteurs qu'elle a contribué à faire grossir.
Mme la députée tient ainsi à rappeler que la politique européenne d'externalisation de ses frontières a profité aux Forces de soutien rapide (FSR), ces milices gouvernementales impliquées dans les exactions au Darfour et qui matent aujourd'hui les aspirations démocratiques de la population. Elle l’interroge donc sur les relations diplomatiques entretenues par la France et l'Union européenne avec le conseil militaire de transition.
Elle lui demande par ailleurs une plus grande fermeté dans sa condamnation des violences commises par le conseil militaire de transition contre la population.
Tout au long des mois de contestation qu'a connus le Soudan entre décembre 2018 et août 2019, la France a veillé à apporter son soutien à l'aspiration du peuple soudanais à plus de liberté et de démocratie, tout comme l'Union européenne. Elle a condamné fermement les violences qui ont accompagné les différentes manifestations, en particulier la dispersion sanglante du sit-in le 3 juin 2019, et elle a appelé à ce que les auteurs de ces violences répondent de leurs actes devant la justice.
La France a ainsi adressé des messages clairs aux autorités militaires soudanaises les invitant à respecter les aspirations du peuple soudanais. Ces messages ont été transmis par divers canaux : à la fois publiquement et lors de rencontres à huis clos. Face aux nombreux appels de la communauté internationale, les responsables militaires ont finalement permis aux négociations avec les forces de l'opposition civile de progresser.
Grâce à une forte implication de l'Ethiopie, de l'Union africaine et des autres partenaires du Soudan, ce processus de négociations a abouti à la conclusion d'un accord sur la transition au Soudan, signé à Khartoum le 17 août 2019, que la France considère comme une avancée majeure pour la démocratie et pour la liberté en Afrique et dans le monde arabe.
Depuis la signature de cet accord du 17 août, et la mise en place des nouvelles autorités, avec notamment la formation d'un gouvernement civil, la France apporte un appui déterminé au processus de transition politique. C'était le sens de la visite à Khartoum du ministre de l'Europe et des affaires étrangères le 16 septembre dernier et de l'invitation à Paris du Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok par le Président de la République les 29 et 30 septembre 2019. M. Hamdok avait ainsi choisi la France pour son premier déplacement dans un pays occidental, en signe de reconnaissance du rôle joué par notre pays dans le soutien au peuple soudanais dans son aspiration à plus de liberté et de démocratie, et ce depuis de nombreuses années.
Durant ces récentes rencontres bilatérales, la France a marqué sa détermination à ce que la transition soudanaise soit un succès. A cet effet, elle a veillé à inscrire son action en soutien aux priorités du Premier ministre Hamdok et de son gouvernement : la conclusion de la paix avec les groupes rebelles du Darfour et des "deux régions" (Sud-Kordofan et Nil Bleu), le redressement de l'économie du pays et la réussite de la transition démocratique.
C'est dans cet esprit que la France a annoncé une aide bilatérale de 60 millions d'euros et que le Président de la République a annoncé que la France accueillera une conférence internationale pour soutenir la transition politique dans la perspective des élections de 2022. La France reste ainsi un des premiers soutiens des nouvelles autorités civiles soudanaises dans leur chemin vers la démocratie, et n'épargnera aucun effort pour faire de la transition soudanaise un succès.