Mme Nicole Bonnefoy attire l'attention de Mme la garde des sceaux, ministre de la justice sur les conséquences inquiétantes et dramatiques du projet gouvernemental de supprimer 44 tribunaux des affaires de sécurité sociale (TASS), d'ici avril 2010, soit plus d'un sur trois, dans le cadre de la future réforme de la carte judiciaire.
En effet, le TASS a compétence pour trancher les différents contentieux concernant tous les régimes, que ce soit le régime général, agricole ou encore les régimes spéciaux. Le TASS a pour fonction de traiter des litiges dans de nombreux domaines (amiante, accidents du travail, fautes inexcusables de l'employeur, maladies professionnelles, retraites, prestations, cotisations).
Il offre à tous les usagers la possibilité légale de contester les décisions de la sécurité sociale. Le TASS est donc une juridiction de proximité par excellence. Il peut être saisi sans avocat et, lors de l'audience, la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés est autorisée par la loi à assister les personnes handicapées, malades, invalides et accidentées du travail. On peut donc se rendre compte de l'importance de ces tribunaux.
Pourtant, un projet gouvernemental prévoirait la suppression de 44 TASS à travers toute la France.
Pour la Région Poitou-Charentes, seraient concernés par la mesure les TASS de La Rochelle, de Saintes, d'Angoulême et de Niort. Ils disparaîtraient au profit d'un seul et unique TASS : celui de Poitiers.
Or, Il convient de rappeler que les justiciables qui fréquentent les TASS sont des assurés sociaux qui présentent le plus souvent une mobilité réduite du fait du handicap ou de la maladie. Ils ont souvent également de faibles ressources. Dès lors, la disparition des trois tribunaux des affaires de sécurité sociale, avec la contrainte de faire parfois plus de 150 km de trajet pour aller jusqu'à Poitiers, sera bien souvent une difficulté insurmontable à l'accès à la justice et au droit de ces justiciables dont les ressources ne leur permettent pas, dans bien des cas, de supporter le coût d'un ou de plusieurs déplacements.
De facto, ce projet va donc exclure une partie de la population, la plus fragile, de ce droit légitime! C'est un recul important du principe d'égalité face à la justice.
De plus, si tout est centralisé à Poitiers, le TASS prendra du retard pour rendre un jugement. Ce sont les assurés sociaux qui vont en pâtir. Ils devront attendre plusieurs mois, voire plusieurs années, pour obtenir une décision. Les adhérents victimes d'une faute inexcusable de l'employeur, d'une rechute contestée par la Caisse primaire d'assurance maladie ou d'une maladie qu'ils souhaitent voir reconnue en maladie professionnelle, devront attendre plus longtemps pour faire valoir leurs droits et ne se rendront plus forcément au tribunal lors de l'audience alors que leur argumentation peut être utile si la juridiction souhaite leur poser des questions concernant leur affaire.
C'est pourquoi, elle lui demande quels sont les projets précis du Gouvernement concernant la suppression de TASS. Si la décision de supprimer 44 TASS est confirmée, elle souhaite savoir quelles réponses elle entend donner aux inquiétudes, ci dessus résumées, des membres de la FNATH et des milliers d'avocats et de magistrats.
Enfin, elle lui demande si une concertation au niveau national, sur ce sujet, avec les différentes personnes concernées dont la FNATH, est prévue.