M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'Etat aux petites et moyennes
entreprises, au commerce et à l'artisanat, en charge également de la protection des consommateurs. Elle concerne les
frais bancaires attachés aux paiements transfrontaliers en euros, que nous pouvons désormais effectuer depuis le 4
janvier dernier.
Le gouvernement français s'est résolument engagé dans cette étape fondamentale pour la construction européenne
qu'est la création de la monnaie unique.
Des actions de sensibilisation se multiplient, notamment sur nos chaînes télévisées, afin de nous préparer au
basculement définitif, qui aura lieu en 2002.
Les commerces s'initient au double affichage des prix et nous pouvons régler nos achats en euros, grâce à des cartes
bancaires ou des chéquiers spécifiques. (M. Loridant brandit un chéquier libellé en euros).
Les opérations d'achat de devises étrangères sont déjà censées bénéficier de l'effet euro en raison de l'élimination des
coûts de change.
On nous vante les mérites du paiement en euros de nos achats effectués chez nos voisins européens, lors de séjours
touristiques par exemple. Or de plus en plus de témoignages sur les pratiques de certaines banques nous parviennent
et nous laissent perplexes. Les associations de consommateurs s'en font d'ailleurs l'écho : toutes attestent une lourde
facturation des opérations effectuées par chèque, par carte bancaire ou par virement.
Ainsi, le gérant d'un camping de mon département souhaite proposer pour la prochaine saison des paiements en euros
à l'intention de sa clientèle européenne. Renseignements pris auprès de sa banque, on l'a informé qu'il lui en coûterait
au moins 55 francs par chèque libellé en euros.
M. Emmanuel Hamel. Cela coûte cher, l'euro ! (Sourires.)
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Dans un quotidien, une autre banque affirme : « Oui, votre chéquier en euros
est déconseillé à l'étranger ! »
M. Emmanuel Hamel. Déconseillé ! (Nouveaux sourires.)
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Reconnaissons que tous ces messages contradictoires ont de quoi troubler !
La Commission européenne a certes élaboré, en avril dernier, un code de bonne conduite, mais les opérations
effectuées à l'étranger, en particulier le paiement de petites sommes, demeurent particulièrement onéreuses.
La mise en oeuvre de l'euro ne repose pas sur les seuls marchés financiers. Sa réussite passe également par la facilité
avec laquelle les citoyens vont se l'approprier.
Madame la secrétaire d'Etat, pouvez-vous nous indiquer quelles initiatives entend prendre le Gouvernement, aux plans
tant national qu'européen, pour mieux encadrer ces tarifications pénalisantes qui risquent de dissuader les
consommateurs et les commerçants ? (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe
communiste républicain et citoyen.)
M. Emmanuel Hamel. Pénalisantes, vous l'avez dit !